jeudi 18 juin 2009

La trentaine approche...

Quand j’ai décidé de tout lâcher à Montréal et de finalement quitter le pays pour 1 an, je ne crois pas que j’avais pleinement réalisé les raisons derrière ce chamboulement dans ma vie. Bien sûr, il y avait le goût de l’aventure, le sentiment pressant de me lancer dans une zone d’inconfort pour évaluer comment j’allais gérer la situation, un genre de défi personnel.

J’avais aussi besoin de changement au niveau professionnel ; je ne pouvais obtenir l’emploi que je voulais par manque d’expérience, laquelle expérience je ne pouvais obtenir sans expérience. Enfin, vous voyez le topo. Il aurait fallu que quelqu’un me donne chance et qu’il (ou elle) en prenne une avec moi car dans les temps présents, les résultats à courts termes sont tout ce qui compte. Après introspection ces derniers mois, je me rends compte à quel point ce que je considérais comme un échec professionnel est en fait une chance inouïe! Une occasion de me questionner sur ce qui m’allume vraiment dans la vie, à tous les niveaux.

Je réalise maintenant que poser le geste conscient de partir à l’aventure est en fait une manifestation de mon inconscient en crise. Crise d’identité? Crise de la trentaine peut-être? Hum hum… probablement. Au début de la vingtaine, j’imageais ma vie comme une longue série de portes devant lesquelles je me trouvais. J’avais la clé pour chacune. En choisissant un domaine d’étude, je franchissais la porte et derrière celle-ci, il y avait moins de possibilités. Au bout du compte, chaque choix important élimine des options, et j’imagine qu’être un adulte oblige à assumer les choix qu’on fait.

Plusieurs de mes copines à l’orée de la trentaine semblent aussi remettre en question les choix qu’elles ont faits. Est-ce le bon? Est-ce que le reste de ma vie est ce que je vis présentement? Quand on a trouvé quelqu’un avec qui on veut passer du temps, on pense à acheter une maison, à avoir un premier enfant, à adopter un chien peut-être. Quand on est dans une entreprise depuis plusieurs années, on hésite à changer d’emploi par peur de perdre sa pension ou ses avantages sociaux. Quand on a un diplôme dans un domaine, on cesse de rêver aux autres options qui nous intéressaient. Finalement, choisir est terrifiant! Plus de possibilité de changer d’idée, de revenir en arrière. Et je ne veux pas avoir de regret plus tard…

Ne vous méprenez pas cependant, la majorité du temps j’étais heureuse dans ma routine à Montréal. Les choix que j’ai faits depuis les 10 dernières années étaient réfléchis. L’emmerde est que j’ai des goûts et envies tellement variés que je dois constater qu’il me manquera toujours quelque chose pour me sentir complètement comblée. J’apprécie les défis, me sentir importante dans mon emploi, l’argent qui permet de réaliser les projets qu’on a, la stabilité amoureuse, m’habiller en tailleur pour le boulot, la stabilité en général. Parallèlement, je suis une hippie dans l’âme, j’aime être hors de ma zone de confort, je me fous un peu de l’argent, j’ai envie d’être dans un domaine créatif, j’ai un besoin impératif de liberté à tous les niveaux, je veux voir le monde.

Bref, difficile de concilier les deux. Difficile aussi de décider ce que je ferai à mon retour. Je sais cependant que je suis privilégiée d’avoir l’occasion et le temps de réfléchir à ma vie avec un certain recul.

4 commentaires:

Vivian a dit…

Ça résume tellement bien tout ce que je ressens en ce moment. Mon aventure en Corée était pour les mêmes raisons- j'avais besoin de m'évader, et je me sentais un peu limitée côté professionnel. J'ai beaucoup réfléchi lors de mon séjour à l'étranger, et malgré que je ne sache toujours pas où j'en suis dans tout ça après un an, ma perspective a tout de même changé. C'est un peu difficile à expliquer, je n'ai pas encore de réponses à mes questions, le goût de repartir est très grand... mais bref, c'est la meilleure chose qui ait pu m'arriver.

Ne t'inquiète pas trop à ce que tu feras au retour... j'ai trop passé de temps à m'inquiéter, pas assez à en profiter. Tout se mettra en place à ce moment-là :)

Ouch, la trentaine...

Marraine a dit…

Comme tout ca est songe! Et comme je te comprends, meme si ca fait longtemps que j'ai passe la crise des 30 ans !!! Mais ne t'inquiete pas, tout tombe en place au bon moment. Et tu as le droit de changer d'idee, c'est ca le plus beau challenge de la vie. Comme dit ton amie Vivian, ne passe pas trop de temps a te demander ce que tu feras a ton retour mais profite de chaque jour de cette belle aventure. Bisous.

Isabelle la cousine a dit…

Oh que tu me rappelles des souvenirs pas si lointains!!
J'ai aussi eu "la remise en question du avant 30 ans"!! Ça a commencé subtilement quelques mois avant et c'est devenu plus sérieux plus la date approchait. Un ménage s'est fait dans ma vie, dans ma tête, dans mon entourage tout naturellement. De mon côté, ma remise en question concernait beaucoup mon travail et mes amours inexistants... Par conséquent, l'absence de mon rêve de p'tite fille. Tu sais je suis de la génération des histoires de Walt Disney (Cendrillon, La Belle au bois dormant, etc...) À 30 ans, je me devais d'avoir l'Homme, les enfants, la maison et le chien et je n'avais rien de tout ça! Loin de là même!! Et tu vois?! Aujourd'hui, je suis la fille la plus heureuse du monde! J'ai rencontré LE gars, j'ai un fils que j'adore, j'aime mon boulot et j'ai des projets et des rêves que je partage avec Bruno plein la tête!! Je crois que cette remise en question est nécessaire pour la suite des choses! Mais c'est vrai que tu ne dois pas trop y penser. Laisses aller les choses et profites de chaque instant de ton aventure!
Je t'aime gros!
Ta cousine, Isa xxx

alpages a dit…

Annie, tu es allée brasser tes convictions profondes, mettre UN ordre dans ton échelle de valeurs. Certaines resteront aux premiers rangs, certaines autres seront déplacées vers le bas. C'est un peu comme si tu brassais ton tas de terre, on en a tous un. Les gros morceaux montent et tu choisis. Faire un choix sur le reste est alors plus facile. Tu peux être surprise de certains morceaux qui montent.
Bonne route.
xxx